Lors d’un récent voyage à Shanghai dans la famille de mon épouse, l’une de ses tantes revenait d’un voyage organisé en Europe. Elle s’est rendue en Suisse. Venant de Shanghai, mégapole surpeuplée et polluée; elle a raconté à mon épouse qu’elle avait particulièrement apprécié son séjour dans notre pays si calme où l’air est pur et le ciel est toujours si bleu et clair…
Cette anecdote en dit long sur le regard porté par les Chinois sur notre pays qui jouit d’une très bonne image. La Suisse – carte postale avec la quiétude de ses lacs, ses alpages verdoyants et ses montagnes majestueuses – constitue une destination rêvée pour une majorité de Chinois.
D’ailleurs, dans le cadre d’une récente étude réalisée par Tu Hu, Nadzeya Kalbaska et Lorenzo Cantoni, directeur de webatelier.net et professeur du "Master in international tourism" à l’Université de la Suisse italienne il a été mis en lumière que la Suisse constituait une destination privilégiée pour les Chinois grâce à l’analyse de 468 photos publiées entre juillet 2011 et juin 2012 sur Sina Weibo, le site de microblogging le plus répandu de Chine. Les contenus partagés portaient essentiellement sur des éléments naturels, montagnes (18%), lacs (11%), petits villages et villes historiques (8%), trains (9%), chocolat et fromage (9%).
La croissance du nombre de touristes chinois (sans Hong-Kong) en Suisse est colossale. Les derniers chiffres de l’Office fédéral des statistiques (OFS) le confirment : les touristes chinois sont toujours plus nombreux à visiter notre pays. Il est observé une forte progression des nuitées, soit de 29 % pour le 1er semestre 2013 par rapport à l’année précédente.
Cette croissance record ne peut être que salutaire pour un secteur du tourisme à la peine.
Bien qu’il y ait quelques voyageurs individuels organisant leur propre itinéraire, la majorité des Chinois organisent encore leur séjour avec des tour-opérateurs. Ils voyagent donc souvent en groupe et visitent la Suisse en même temps que toute l’Europe, ce qui explique que leurs séjours sont brefs et qu’ils suivent un nombre restreint d’itinéraires dans notre pays. Le but est de visiter les principales attractions, et ils ne passent que très peu de temps dans un même lieu.
Lucerne, Interlaken, la Jungfrau, Zürich et Genève restent les destinations préférées des Chinois.
L’offre touristique suisse évoluant et grâce à la nouvelle liaison aérienne directe Pékin-Genève la région du Léman attire aussi de plus en plus de touristes chinois. Cela est confirmé avec les derniers chiffres de fréquentation du Château de Chillon où il est affiché une hausse de 59% de visiteurs en 2013 par rapport à 2012.
En tant que siège olympique, Lausanne a également pris une place de choix dans le coeur des Chinois. La Municipalité de Lausanne l’a d’ailleurs bien compris en proposant une brochure touristique en mandarin.
Ce flux croissant de touristes ne profite d’ailleurs pas qu’à l’hôtellerie.
En effet, les touristes chinois ne viennent pas que s’extasier devant nos paysages, ils en profitent aussi pour faire du shopping en affectant presque un tiers de leur budget à ce poste.
Lucerne qui est devenu le 3e marché horloger mondial mesuré par le chiffre d’affaires, derrière la Place Vendôme à Paris. La ville accueille sur le Schwanenplatz des cars entiers de touristes chinois. Lucerne, capitale mondiale de l’horlogerie – on pourrait le croire puisque sur dix montres vendues en Suisse, quatre le sont à Lucerne avec des acheteurs le plus souvent chinois.
Cette frénésie horlogère de l’Empire du Milieu s’étend également à Interlaken, Zurich et Genève.
La montre suisse, renommée pour sa précision, son élégance et sa mécanique constitue donc une acquisition privilégiée par les Chinois. Les touristes chinois dépensent en moyenne 2 000 francs pour acheter une montre suisse si ce n’est plus – mais comme dit le proverbe "quand on aime, on ne compte pas !"
Un autre marché en pleine croissance est le tourisme médical en Suisse. Les clients en provenance de Chine, sont de plus en plus intéressés par des services suisses de chirurgie plastique.
Plusieurs cliniques traitent de riches chinois épris d’injections ovines susceptibles de retarder, voir de gommer, les méfaits du temps. Il s’agit d’injections abdominales, intramusculaires dans la jambe ou le fessier, de cellules placentaires ou embryonnaires de mouton. En principe ces injections ont été abandonnées en Suisse depuis plusieurs années, en raison de risques de transmission de virus de l’animal à l’homme et d’encéphalopathie spongiforme. Ce qui n’empêche pas la demande pour ce type de séjour de croître puisque certaines cliniques proposent d’ailleurs des soins injectés sans mouton.
A noter que ce type de thérapie ne peut être réservé qu’à une clientèle aisée puisque le coût d’une cure débute à partir de 22 000 francs la semaine.
Quelque soit le type de voyage, il est certain que les Chinois au cours de ces prochaines années disposeront de plus en plus de revenus et que le nombre d’arrivées de l’Empire du Milieu pourrait quadrupler en dix ans selon Suisse Tourisme en se basant sur une étude où il ressort que quelque 16 millions de touristes chinois vont visiter l’Europe à l’horizon 2020.
La Suisse est quand même la 3e destination préférée en Europe des chinois, merci les montres 😉 . Le tourisme médicale se porte bien aussi.
Le challenge pour la Suisse sera d’augmenter le nombre de nuités … faire rester les chinois plus longtemps.