Coming Home marque le retour de Gong Li derrière la caméra de Zhang Yimou, avec qui elle fut révélée au cinéma, en 1987, dans le Sorgho rouge.
Ce film sorti en 2014 est une adaptation partielle du best-seller de la romancière Yan Geling "Le criminel Lu Yanshi" consacré à son grand-père, persécuté pendant la campagne antidroitière lancée par Mao dans les années 50.
Ce long métrage nous plonge dans la Chine de la Révolution culturelle.
Gong Li incarne une femme Feng Wanyu qui élève seule sa fille Dan Dan, après avoir vu son mari, un professeur dissident, envoyé dans un camp de réducation. Feng Wanyu souffre et tremble pour son mari.
Au début du film, elle apprend que son mari, Lu Yanshi interprété par Chen Dao-Ming s’est évadé.
Après avoir échappé à ses gardes, il réussit à rejoindre le foyer familial – sans pouvoir entrer en contact immédiat avec son épouse surveillée par la police politique et qui refuse d’ouvrir la porte. Il lui fixe un rendez-vous clandestin à la gare pour le lendemain.
Leur fille DanDan fait échouer ses retrouvailles, en dénonçant son père à la police, espérant en contrepartie obtenir le premier rôle comme danseuse étoile dans une troupe de balet montée à la gloire de la Chine de Mao.
Lu Yanshi est arrêté sans ménagement à la gare. Dans l’agitation, son épouse tombe et se blesse à la tête. Elle se relève, mais marquée à vie.
Des années après, à la fin de la Révolution culturelle, Lu Yanshi est libéré et réhabilité.
Il retourne chez lui et découvre que sa femme est frappée d’amnésie, à cause du traumatisme subit auparavant. Elle ne reconnaît plus celui qu’elle a aimé et lui ferme la porte de la maison familiale.
Incapable de reconnaître Lu, Yanshi est obligé de s’installer hors de chez lui, sous les fenêtres de son épouse.
Leur fille a dû aussi quitter le foyer familial en raison de son rôle dans l’arrestation de son père et du fait que sa mère ne lui a pas pardonné ce geste, quand bien même les souvenirs se sont effacés.
La suite du film porte sur la tentative de Lu Yanshi de raviver la mémoire de sa femme. En vain. Elle continue de l’attendre, sans comprendre qu’il est présent à ses côtés. Chaque 5 du mois, elle va le chercher à la gare où il lui a annoncé son arrivée. Et chaque fois, il essaie de réveiller en elle des images, sons et sensations du passé.
Ce récit déchirant est finalement une magnifique histoire d’amour. La scène finale est d’ailleurs de toute beauté et touchante. Aboutissement d’un amour éternel, éprouvé en temps différé par ces deux personnages. Elle l’aime au passé, il l’aime au présent.
Ce huis clos est formidablement joué par les trois protagonistes du film. Gong Li est impressionnante offrant une interprétation d’une grande justesse avec le regard d’une femme usée par la vie. A noter que l’actrice a beaucoup préparé son rôle d’amnésique en se rendant dans une maison de retraite qui abrite d’anciens intellectuels souffrant de troubles de la mémoire. Elle a passé des heures avec eux, à étudier leur comportement, leurs mouvements, leur façon de parler. Ensuite elle s’est rendue à Shanghai pour compléter son étude de la gestuelle auprès d’une réalisatrice âgée et souffrant d’une amnésie assez proche de celle de l’héroïne du film.
Le réalisateur a su aussi créer une atmosphère évoluant avec le récit narratif (froide et pluvieuse au début, plus ensoleillée vers la fin de la Révolution).
Zhang Yimou nous plonge dans une histoire boulversante. Coming home est une œuvre intimiste et d’une tendresse infinie. A voir absolument.
J’ai beaucoup aimé ce film très délicat et empli d’émotions.